Interviews de Asian Kung-Fu Generation
Coyote Mag
Coyote Mag : La dernière fois que vous êtes venus en France (et que nous vous avons interviewé), c’était en 2013. Que s’est-il passé dans la vie d’Asian Kung-Fu Generation entre 2013 et aujourd’hui ?
Masafumi Gotoh : Merci beaucoup pour ce nouvel entretien. Bien sûr, j’avais hâte de venir en France. À vrai dire, la dernière fois je n’ai pas pu visiter tranquillement car j’étais malade et il a fallu nous rendre à l’hôpital… Donc si cette fois-ci, on pourra avoir un peu de temps libre, ça serait bien ! Et pour ce qui est du changement, comme nous avons fait un nouvel album depuis notre dernière venue, il y aura plus de chansons que nous pouvons interpréter sur scène.
Coyote Mag : Votre nouvel album s’intitule Wonder Future : qu’est-ce qui a inspiré cette fois les textes des chansons de cet album ?
Masafumi Gotoh : Il y a beaucoup de passages à la troisième personne dans cet album. Parfois « il » ou « elle », parfois « ils », etc. C’est une œuvre que je ne raconte pas par moi-même, mais ça parle de notre temps, un peu comme un documentaire mais avec en même temps une part de fiction. Les descriptions sont donc écrites par un musicien japonais, mais j’imagine qu’il y a toujours quelques correspondances dans le reste du monde. Si vous pouvez les adapter à votre lieu de vie, j’en serai très honoré. Il y a aussi un message fort : le futur dépend de nous ! Il nous appartient d’en faire quelque chose de beau ou de le rendre mauvais…. Dans ce sens-là, il y a parfois des paroles qui évoquent des situations négatives. Mais en écrivant cela, cet album donne de l’espoir pour éviter le pire, à travers la volonté de rendre la société et notre monde meilleurs.
Coyote Mag : Wonder Future est aussi le titre d’une des chansons de l’album : de quoi parle cette chanson en particulier ?
Masafumi Gotoh : J’y parle de la vie. Qu’est-ce qu’une vie ? Depuis notre naissance, on avance vers une direction et on continue à avancer dans cette direction. Donc qu’est-ce qui se trouve après ? Voilà la question.
Coyote Mag : Musicalement parlant, comment décririez-vous ce nouvel album ?
Kensuke Kita : Comme nous avons eu la chance de pouvoir enregistrer dans le studio privé des Foo Fighters – le Studio 66 à Los Angeles – j’ai voulu épaissir un peu plus le son de la guitare. J’ai donc décidé de rajouter un micro guitare et d’enregistrer en ayant un son lourd et fort.
Coyote Mag : Masafumi Gotoh, vous occupez le poste de rédacteur en chef du magazine The Future Times. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette activité ? Que vous apporte-t-elle ?
Masafumi Gotoh : Disons que ce qui l’a déclenché était plus ou moins dû au tremblement de terre et à l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima. Après ces catastrophes, il y a eu plusieurs problèmes qui ont surgi dans notre pays : trop de concentration du pouvoir sur Tôkyô, un mauvais partage des problèmes régionaux ou bien l’abandon de certaines régions. J’ai réalisé qu’il s’agissait de problèmes auxquels nous devrions tous réfléchir pour y trouver une solution. J’ai pensé qu’en créant ce journal, je pourrais contribuer à laisser un meilleur environnement pour nos enfants. Ce n’est pas pour imposer une idéologie mais plutôt pour inciter les gens à y réfléchir ensemble. J’ai eu envie de créer ce journal afin d’améliorer le sens républicain au sein de notre pays ou inciter les gens, y compris moi-même, à participer plus aux activités sociales. Bien qu’il s’agisse d’une idée très classique, il y a beaucoup de retard sur ce point-là au Japon. Donc si ce journal peut sensibiliser un maximum de gens, j’en serai très content.
Coyote Mag : En 2016, Asian Kung-Fu Generation fêtera ses 20 ans d’existence ! Lorsque vous considérez le chemin parcouru durant toutes ces années, comment le jugez-vous ?
Masafumi Gotoh : Je ne sais pas comment on y est arrivé, peut-être avec de la chance. On n’a pas travaillé nos chansons en faisant du marketing : on a toujours fait ce qu’on a voulu faire, puis les gens sont venus vers nous. Donc je ne suis pas capable d’expliquer la raison de notre réussite…
Coyote Mag : Depuis ses débuts, la formation du groupe n’a pas changé : ce sont toujours les 4 mêmes amis de lycée qui forment aujourd’hui Asian Kung-Fu Generation ! Qu’est-ce qui explique une telle stabilité ?
Masafumi Gotoh : On a aussi connu des hauts et des bas dans notre relation. Mais je pense qu’il ne faut pas trop se prendre la tête, surtout quand on réfléchit à comment conserver de bonnes relations entre nous. Après, je pense qu’il ne faut pas être toujours ensemble dans la vie personnelle, comme aller tout le temps manger ensemble, avoir les mêmes amis, être dans la même communauté, etc. Car ça va créer des conflits, par exemple en tombant tous amoureux d’une même fille et alors le groupe se sépare ! Enfin, pour ma part, j’ai passé l’âge donc c’est un peu trop tard (rires).
Coyote Mag : Avez-vous un message pour vos fans français ?
Masafumi Gotoh : La France est un pays où le public est vraiment très chaud. Je pense d’ailleurs que c’est le pays où on a plus de soutien et il y a beaucoup de fans, en plus du fait que la salle soit grande. J’ai envie de revoir la salle pleine comme dans ma mémoire et j’ai hâte de vous retrouver tous !
Crédits : Propos recueillis par Christophe Lorentz. Traduction par Emmanuel Bochew. Remerciements à Charlotte Naudin de B7Klan. La page d e l'interview